Thursday, 22 May 2014

La sirène qui avait peur de la mer

[Traduit de l´original espagnol par Itxaso Domínguez. Merci!!!]

Son nom veut dire "reine", mais je ne l’ai sut que plus tard. Ici j´ai décide de l'appeler "Mami Wata". Quand je l'ai rencontré, j’ai vu juste une jeune femme d'une grande beauté et d’une énorme bonté qui m’aidait tout simplement à trouver un restaurant.

Quelques jours plus tard, elle était assise entre mes jambes, le dos appuyé sur ma poitrine en regardant les vagues et la ville qui les bateaux allumé dessinent dans la distance. Nous étions assis sur la plage, dans cette frontière ensorcelée entre la lumière venant de la rue et l'obscurité de la mer. Je ne pouvais pas m'empêcher de me moquer de la confession selon laquelle elle avait peur de la mer.

Et tout à coup elle pousse un cri. Et un poids énorme m'écrase, m’immobilise les bras et me tenaille le cou. Un autre cri envole la jeune fille dans l'obscurité. Je ne peux plus respirer, mais je peux charger comme un taureau blessé et le traîner par terre à coups de pied. Je parviens ainsi à créer un sillon dans le sable, jusqu’à l'endroit où se trouve l'autre, sur Mami Wata, qui se résisté farouchement.

J'ai senti la peur de mon agresseur quand je suis arrivé à me desserrer un peu pour jeter mon portefeuille vers celui qui tenait Mami Wata, comme quand on lace un morceau de viande à une bête sauvage. En tant que tel, il soulève son museau le barrage et après hésiter pour un instant, il lâche la fille et attrape mon portefeuille.

Mon agresseur, qui s’est rendu compte que je ne veux pas me battre, ose parler en premier. Je vais te tuer, il grogne. Je me retourne et le regarde droit dans les yeux. Il n'ajoute pas quoi que ce soit.

Après me fouiller, ils ont galopé. Et les gens ont commencé à arriver. Après avoir résisté avec courage, toute la peur et la colère sont sortis et Mami Wata tremblait de la tête aux pieds, tels les feuilles d’un Baobab Sacré après les rituels. Elle ne pouvait pas marcher, comme les sirènes après avoir fait l'effort de se déplacer de la mer à la terre où tout pèse. Et elle pleurait. Elle pleurait pendant qu’une femme qui avait été attaquée la veille nous a aidés à arriver rapidement à l'hôtel "car sinon, la police arrive et ça sera pour le pire. Ils veulent aussi du fric." Elle pleurait pendant qu’elle montait les escaliers, et elle pleurait toujours, même si de façon plus calme, quand on l’a mit au lit.

Calme-toi, c'est fini, dis-je pendant qu’elle pleure pour nous deux, pour nous nettoyer de la haine et la bestialité humaine. Ce qui importe, c'est qu’ils ne t’on pas pas touchée, que nous sommes en vie et que c’est juste le cou qui nous fait un peu mal.

Une douche fraîche lui redonne le contrôle de sa belle peau, lumineuse comme si elle avait toujours des écailles, mais douce comme si elle venait de naître dans mes bras. Et ses mots arrivent enfin.

Si j'ouvre mes yeux, je le vois à nouveau qui s’élance contre moi – elle me chuchote. C'est normal, c'est le choc, je lui dis, mais cela aussi va passer. Regarde dans mes yeux...

Je pense qu'ils ont mal choisi, je pense alors que je la prends dans mes bras. Ils ont prit mon argent (ce qui serait le pire en Europe), mais je suis reste avec ce qu’il y a de meilleur en Afrique. Ils ont prit ses morsures de serpent et ses cris, mais elle m’offre ses caresses et ses baisers, cette belle sirène. Ceux qu’ils n'ont même pas su reconnaitre.

Je me souviens de la façon dont elle m’expliquait qu’elle faisait ses études de sociologie pour  contribuer au développement de son pays, en particulier pour récupérer les enfants des rues qui sont instruits dans la loi du plus fort. Elle m'a montré les blessures de sa ville, les lieux de prostitution et criminalité. Et elle travaillait pour ne pas avoir à dépendre d'un homme ou à accepter la polygamie qui avait tant vexé sa mère.

Je me souviens des histoires de son grand-père sur les blancs qui sont venus enlever les sirènes grâce à des pièges de miroirs, ou le rêve de son professeur de philosophie d'être aimé au moins une fois dans la vie par une sirène, d’accord avec ce que certains villageois avaient raconté avec fascination...

- Je ne vais pas laisser que tu partes jusqu'à que je ne te vois pas sourire, je lui dit en mettant de façon théâtrale mes lunettes scotchées. Et la magie est faite.

Mami Wata soulève son corps de statue de bronze et s’habille soigneusement. 

L’Afrique gagne. Une des meilleures femmes continuera de lutter chaque jour pour guérir les blessures de sa ville, qui sont maintenant les siennes. L’Afrique gagne parce que Mami Wata la déesse des eaux, la reine des sirènes a fait face à ses pires craintes, s’est levée à nouveau, et continuera de se tenir les pieds sur terre pour changer son monde.

Et c’est moi qui gagne. Car personne ne peut jamais te voler l’amour d’une sirène...

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