Showing posts with label Entrevistas a escritores. Show all posts
Showing posts with label Entrevistas a escritores. Show all posts

Saturday, 14 June 2014

L’indomptable Ken Bugul, la lionne de la littérature africaine

[Traduit de la version original espagnole par Anissa Dab (Merci Anissa!!!)]

Pieds nus, et avec son simple boubou blanc à pois colorés, apparaît au milieu des ouvriers Ken Bugul, avec retenue, comme si elle voulait feindre une vieillesse qui ne l’avait pas encore atteinte.

Nous entrons dans sa maison, sobre et confortable, dont le seul “excès” est un splendide trône du Benin entouré d’étagères de livres, et nous commençons tout de suite à parler de son livre Le Baobab fou ; de la magie des baobabs sacrés qui protègent et punissent le peuple qui les vénèrent, qui rient, pleurent et rêvent avec ce peuple ; et aussi de SON baobab (un véritable baobab en particulier) auquel elle cherchait à s’identifier à cause de la solidité et de la force de ses racines.

- Je l’ai tué. Il est mort pour que je puisse vivre…

Cela ne me servait à rien de connaître l’histoire du roman, sa propre histoire à elle. Une petite fille séparée de sa mère prématurément et sans explication. Une jeune femme qui, alors qu’elle avait réussi à partir pour l’occident, n’y trouve pas ses racines perdues. Une femme qui, en rentrant dans son pays, retrouve son baobab, toujours debout, qui a l’air toujours vivant, mais…

« J’avais rendez-vous avec le baobab, je n’y suis pas allée et je n’avais pas pu le prévenir, je n’ai pas osé. Ce rendez-vous manqué l’a rendu très malheureux. Il est devenu fou et mourut peu de temps après. » (page 181)

C’est vraiment arrivé ? Un baobab peut mourir de chagrin ?

- Pas UN baobab, LE baobab. Au Sénégal on voit beaucoup de baobabs, des arbres comme n’importe quels autres. Mais dans chaque village il y a un baobab sacré, un arbre complètement lié à la vie des gens de ce village qu’il connaît et qu’il protège. Et lorsque d’un seul coup, sans tomber malade avant, il meurt et tombe au sol, les gens savent qu’il est mort pour les sauver d’un grand danger.

Dans mon cas, je sais qu’il est mort pour que je puisse, après mon expérience traumatisante, commencer une nouvelle vie. 

Je fais le commentaire que le livre a l’air d’être écrit en pleine crise émotionnelle, avec une structure parfois démembrée qui exprime très bien les sentiments du personnage.

-Lorsque j’étais en Belgique j’écrivais très peu, seulement quelques notes, nostalgiques de mon village natal, qui avaient aussi un baobab dans leur titre. Mais le livre je l’ai écrit dix ans plus tard, après l’expérience terrible que j’avais vécu en France - maltraitée par l’homme qu’elle aimait, racontée postérieurement dans Cendres et Braises - et dont je suis sortie à ramasser à la petite cuillère.

Certains de mes amis avaient gardé mes notes. Je leur ai demandé qu’ils me les envoient mais je me suis rendu compte que cette histoire n’était plus celle que je voulais raconter, et ainsi j’ai écrit le livre sans consulter ces notes.

Et comment avez-vous réussi à vous "enraciner" à nouveau ? -demandai je, pétrifié dans mon fauteuil, fasciné par la force de cette femme si courageuse -Avez-vous essayé de reprendre contact avec votre mère ? 

-Tu dois prendre en compte l’importance de la pudeur en Afrique. Tu ne peux pas aller directement voir ton père ou ta mère et leur dire que tu te sens abandonné ou quoi que ce soit. Il existe la figure de l’oncle maternel pour parler à la mère (ou de la tante paternelle pour parler au père), mais dans mon cas il était déjà mort, je ne pouvais donc pas passer par lui.

Ma relation avec ma mère n’était pas froide, mais elle n’était pas non plus intime. Et c’est quelque chose que je n’ai jamais pu récupérer. Quand je suis revenue de Belgique j’ai vécu avec des amies, pas avec des membres de ma famille, j’étais déjà une femme indépendante. Mais par chance il existe d’autres racines, une autre union avec son village et sa terre natale. 

Pour sortir de ces souvenirs douloureux, mais tout en continuant à discuter de son premier livre, elle loua sa fierté en parlant de la bisexualité/homosexualité, lorsqu’elle découvrit que son compagnon en Belgique avait des « tendances homosexuelles », et elle le compare à un « esclave de la famille ».

- Mais autrefois, l’homosexualité était totalement acceptée au Sénégal! - me répondit-elle en riant. - Gor-Djigen, comme on l’appelait, homme-femme, était respecté malgré ses manières - et elle se mit tout naturellement à imiter les gestes et les façons de parler de son "esclave". Je pense que son génie comique est l’aspect le plus méconnu de cette femme aux multiples facettes, mais elle remplit de moments tordants le reste de la conversation.

En Afrique nous continuons d’appeler gentiment "esclaves" les descendants des véritables esclaves qui appartenaient à la famille. Ou bien aux cousins paternels qui en théorie sont nos esclaves. Mais ils aiment bien cela, c’est une façon pour eux de se sentir "liés" à la famille. L’appartenance, le fait d’avoir sa place dans la société est très important. 

Par exemple, quand tu t’en iras, ma fille pourrait venir me dire – et à nouveau elle reprit son rôle d’interprète – qui est ce badolo qui est venu à la maison à une heure pareille et sans apporter ni pain ni rien pour nous inviter à petit-déjeuner ? -et on se mit à rire tous les deux, moi un peu "pris en flagrant délit" par cette accusation soudaine !

"Badolo" est un terme dépréciatif bien que parfois il soit utilisé gentiment, pour faire référence à un homme commun, qui n’a pas de caste, qui n’est ni griot, ni de famille royale, ni artisan…D’ailleurs les griots pour l’embellir, quand ils veulent te faire payer un petit quelque chose en chantant tes louanges t’appeleraient "guer", c’est un euphémisme. Comme tu n’as pas de caste, tu devrais être un érudit ou quelqu’un d’important. 

- Et vous, de quelle caste êtes-vous ?

Badolo affirma-t-elle, et nous éclatons tous les deux de rire.

Il faut aussi tenir compte du fait que durant la crise des années 80 et les plans d’ajustement structurels très durs imposés par la Banque mondiale, le Sénégal a du demander de l’argent aux pays arabes, qui ont envoyé des "infiltrés" dans notre pays, qui essayèrent d’implanter leur façon de voir la religion, la sharia… Et c’est en partie pour cela que le Sénégal souffre aujourd’hui de "squizophrénie" perdu entre ses propres traditions, les différentes versions de l’islam et le capitalisme. C’est bizarre que l’on parle de cela maintenant en référence au "Baobab" alors que c’est le thème du livre que je viens de terminer. 

Mais avant que la conversation ne s’engage vers l’actualité, je ne veux pas manquer l’occasion de lui poser des questions sur l’expérience qu’elle raconte dans Riwan ou le Chemin de Sable, où au retour de son expérience traumatisante en France, la femme "libérée" et occidentalisée devient…la 28e femme d’un marabout !

- Ce fut une expérience merveilleuse. Mais je n’étais pas exactement son épouse. Un marabout, comme tous les musulmans, ne peut avoir que quatre femmes. Une doit venir de sa propre famille, une autre d’une famille érudite, une autre d’une famille royale et la dernière d’une famille différente. Les autres sont "taco", ce qui signifie "le lien" - répète-t-elle en serrant les poings avec force pour souligner l’importance de ce "quelque chose" immatériel qui les unit.

Je le connaissais depuis petite. Et quand je suis revenue de France dans un état lamentable, tout le monde me rejetait (c’est pour cela qu’aujourd’hui je ne dis presque à personne que je suis là, c’est dur d’oublier comment ils m’ont traitée). Je vins à lui pour recevoir une aide spirituelle et il m’a soutenu et donné des conseils et de la tendresse. Un jour il me proposa le "taco". Mais cela n’a rien à voir avec le sexe, il avait déjà plus de quatre vingt dix ans ! Et moi je ne vivais même pas avec lui. J’allais le voir presque tous les jours, à pieds, et c’est pour cela que le livre s’appelle "le chemin de sable". 

Le marabout accueille souvent chez lui des femmes rejetées par la société et il se lie à elle pour les valoriser, leur donner confiance en elles. Imagine, non seulement il te dit que tu vaux quelque chose, mais en plus il décide de se lier à toi. Cela te fait reprendre beaucoup de confiance en toi. 

En plus, les autres femmes du marabout m’ont beaucoup appris. A moi, supposée femme "libérée" - on revient au mime – mais qui comme tant d’autres femmes en occident était obsédée par l’idée "d’avoir" un homme, dominée par l’idée de possession et par la jalousie.

"Mariétou, occupe toi de toi" me disait-on en se riant de mes histoires en occident, où tout le monde attend le prince charmant. "pourquoi attendre ?" Et ils avaient raison. Partager la vie de ces femmes m’a apporté la paix nécessaire pour refaire ma vie, lire, écrire, et m’occuper de moi.

La conversation dérive vers les mariages bourgeois d’antan en Europe, où les époux avaient des chambres séparées, ce qui paraît indispensable à Ken Bugul.

- Moi, je peux seulement aimer quelqu’un qui soit supérieur à moi d’une certaine façon. Qu’il ait une passion. Ou plusieurs. Un musicien, un peintre comme Picasso (enfin, non, il avait un caractère trop spécial), mieux, Dali. Quelqu’un qui n’ait pas besoin de moi tout le temps, que me laisse avoir ma vie. L’important c’est que lorsque nous sommes ensemble, notre conversation, notre "lien", soit spécial. 

Ce que je veux c’est un amant,  pas un mari » – conclut-elle, catégorique et souriante.

- Et vous pourriez accepter d’être la seconde femme de quelqu’un? 

- Pfff –elle s’incline dans son siège – ça c’est seulement pour les grandes personnalités, un génie, un marabout…qu’ils en soient capables. Mais oui, si je peux faire ma vie et que lorsque nous sommes ensemble, le lien est spécial, oui, ça me convient – ponctue-t-elle d’un sourire un peu ironique.

C’est impossible d’écrire tous les thèmes qui surgirent dans la conversation, ni comment on en vint à parler de nous retrouver dans l’Himalaya, son grand projet.

- Moi je vais monter sur la cime de l’Himalaya, même si cela doit me prendre le reste de la vie – dit-elle sans se troubler. Et si elle n’était pas Ken Bugul, personne ne croirait qu’elle parle sérieusement…

Ken Bugul, qui en wolof s’signifie "celle que personne n’aime" (parfois utilisé comme stratagème pour libérer un enfant d’une mort prématurée qui l’attend), m’assoit sur le trône du Bénin pour une photo, me serre dans ses bras et m’accompagne, pieds nus, vigoureuse, en saluant les ouvriers par leur nom. Elle ne peut plus cacher son énergie débordante et quand la voisine s’approche pour lui raconter se problèmes et lui demander conseil, il est clair que son nom d’artiste n’a rien à voir avec la réalité de l’amour et de l’admiration qu’elle inspire.

Elle ne s’en va pas, une fois m’avoir mis dans le taxi –le chauffeur est un aspirant gendre, m’informe-t-elle – avant de m’avoir donné deux bises et m’avoir serré la main gauche, pour assurer que nous nous reverrons.

Il va donc falloir que je commence à préparer mes bottes pour l’Himalaya…


Friday, 23 May 2014

Interview with Mia Couto

[Translated from the original spanish version by Sara Estima. Thank you Sara!!]

- What can I do for you

The question comes as the sound of waves of a calm sea. This man of serene blue eyes and bright smile asks me this question. But it turns out that this simple man in jeans and short-sleeved shirt is one of the best living Portuguese language writers. So this straightforward question and equal treatment put a smile in my face that will not leave me during our entire conversation.

We start talking about magical realism, although “those who invented that word were not writers”, and he tells me that the major difference between African and Latin American writers is due to the greater influence of the Catholic Church in Latin America, because “here the deceased never leave”. Although people go to different churches, the vast majority still believes in their ancestors and keeps some of the traditional culture.

The problem lies in the rigid European rationalist system (I don't recall his exact words), although “back there people also believe in horoscopes, even over the internet”. I soon kind of forget that this was supposed to be an interview and we keep going back and forward on our theme, as if we were in the sand paths of Maputo’s surroundings.

I tell him next that I was impressed to know that a book so mature, so full of subtle, relaxing, deep images, so full of Mozambique, of all its stories was written before the end of the terrible civil war that devastated his country. Ignoring the compliments as if they hadn’t been told, he acknowledges that “I was also surprised. I did not want to write a book about the war and, if ever so, only much later. But it happened like that. I suffered a lot writing this book, because at night stories came to my mind, I was visited by friends who had been killed in the war. And I had to find a PLACE OF PEACE inside me. That is why I had to write this book.

I'm so delighted with his reflections that it is almost too hard to go on, but the characters slowly come to help me, like Virginia, the woman of Portuguese origin who reinvented her unknown Portuguese family “as my parents did; they used to tell stories of a Portugal to which they could not return to during the dictatorship. Their stories gave me an imaginary family and that seemed very important to me.” He will not give me any clue about which, amongst the stories, correspond to traditional beliefs and which ones are invented, though he maliciously smiles avoiding my question, telling me that “in the town where I lived the colonization was very difficult and the town was not easily controlled; so if I crossed the street I could play with black and Indian children. I learned their language and they told me their stories. Upon returning home I translated those stories to my family. That is when I began to realize that something was lost in translation.

And that is when you started twisting the language, I tell him, trying to pull some information. Again, he smiles maliciously. He is famous for not giving much information in interviews, although he admits that he loved One Hundred Years of Solitude, “it is a fabulous book”, he says. And he accepts the influence of Luandinho Vieira, “but only in the way of treating language”, he explains. And I don't get any more influences from him.

But we go back to our matter of interest, the poetry that is everywhere in his book. I tell him that I do not agree with Francisco Noa (with whom I spoke and who is a lovely person) in that “the water has, in his work, an anthropophagic dimension”; on the contrary it seems to be an optimistic, fertile element, the symbol of the power of imagination or of the unconscious mind... His smile indicates that he will give it little importance, but he acknowledges that “water and more exactly rain is an element of change and also regeneration in traditional cultures”. I do not quite recall the words that followed, because he seems to talk more with his sea coloured smiling eyes. But, when his smile spreads to his lips I understand that I must say something.

I ask him the first question that comes to my mind. “You are a biologist, aren’t you? Because I am a doctor.” I am instantly ashamed of the familiarity and of the plainness of my question, but since my face is already red from the Sun, he does not notice it and answers “I see no contradiction; biology is to me a passion rather than a profession. I like it because it tells a story, the one of human beings, which, to me, couples well with poetry and literature.” As I keep silent, he goes on, “I wanted to be a doctor as well, a psychiatrist, but as I sided with Frelimo in the fight for Mozambique’s independence I had to quit medical school and then, when I went back to school, I realised, looking at my wife who is also a doctor, that I would not have time without remorse to literature, so I studied biology instead.” But before that you were a journalist, I say, actively returning to our conversation.

Unfortunately the Party made me head of a newspaper. I really enjoyed journalism but, being a government newspaper, I started realizing the difference between theory and practice. So I started growing apart from the newspaper and later the party.” I insist on that point. “The thing is that, in the so-called ‘civil war’, there was a very strong religious component, because Frelimo tried to banish traditional beliefs labelling them as ‘superstition’. That is the only thing that may explain the enormous emotional component, the level of harshness of the war.” In the book’s final speech - I ask him - when you talk about the danger of being ruled by others, are you referring to South Africa’s control over Renamo? “No, I meant a more general idea” he answers, intentionally brief. And now, the beast being dead - as stated in that speech - is the danger of civil war in Mozambique gone? “Yes, I think so”, he answers with moderate conviction, “but the beast does not die, you know, it gets smaller, tamed. That is something unpleasant about humans and wars make it visible. The friendly people you have found on your trip are the same that reached the level of savagery seen during the war.

Although he keeps giving me his attention, as people keep calling him I understand that I must end. So I give it all: And now, do you still believe in the power of literature, of imagination to make the world a better place? We had previously discussed that when he was younger he was more naïf, he believed that things could quickly change in a single generation, and that he now believed that social changes had a different timing, but he still found hard to believe that peace agreements had been signed in the time between the delivery of his finished book, his cry for hope, and the publishing of the book. So much hope and so much death. As I watched his clear and smiling eyes I was eager to hear his response.

- Yes – he answers, bluntly. And his next words dissolve as in Sleepwalking Land, turning into air, poetry and again into something physical, a book, a gift to me.

-Happy birthday – he told me. And so it was ;-)

Monday, 19 May 2014

The untameable Ken Bugul, the lioness of African literature

[Translated from the original spanish version by Diego Urdiales. Thank you Diego!!]

Barefoot, wearing a simple colour-dotted white kaftan, Ken Bugul appears parsimoniously amongst the workers, as though feigning an old age that she is yet to reach.

We go up to her home, sober and comfortable, with a splendid Benin throne surrounded by bookshelves as the sole note of flamboyance, and we start by directly talking about her book “The Abandoned Baobab”, about the magic of the sacred baobab which protects and punishes the people that worship it, which laughs, cries and dreams with them, and about her own baobab (a real and specific one) with which she wanted to identify herself, with its robustness, with its strong roots.

I killed it. It died so that I could live… 

Knowing the story of her novel beforehand ―her story, ― was of no use. A girl separated from her mother at a young age and without explanations. A young woman who, after managing to travel to the West, is unable to find her missing roots there. A woman who, after returning to her country, finds her baobab again, still standing, still apparently alive, but…

I had an appointment with the baobab, I didn’t go but I couldn’t warn it, I didn’t dare. That meeting I didn’t attend caused it great sadness. It went crazy and died shortly after.” (p. 181)

Did that really happen? Can a baobab die of sadness?

Not a baobab, the baobab. In Senegal, you can see many baobabs, trees like any other. But in each village there is a sacred baobab, a tree completely linked to the life of that village, which it knows and protects. And when suddenly, with no prior sign of illness, it dies and falls to the ground, the people know that it has died to save them from some danger.

In my case, I know it died so that I, after my traumatic experience, could start a new life.

I point to her that the book seems to have been written in the midst of an emotional breakdown, with an often dismembered structure which reflects very well the feelings of the main character.

While I was in Belgium I wrote very little, just a few notes of homesickness about my birthplace, which also carried the baobab in their title. But I only wrote the book ten years later, after the terrible experience I went through in France, ―abused by the man she loved, which she later related in “Ashes and Embers”― which left me in tatters.

Some friends had kept my notes. I asked them to send them to me, but I realized that was no longer the story I wanted to tell, so I wrote the book without looking at them.

And how did you manage to “take root” again? ―I ask her petrified in my armchair, fascinated by the strength of this brave woman. Did you try to recover the relationship with your mother?

You must consider the importance of modesty in Africa. You can’t directly go to your mother or your father and tell her that you feel abandoned or something like that. There is the figure of your maternal uncle to talk to your mother (or paternal aunt to talk to your father), but in my case he was already dead, so I couldn’t resort to him.

My relationship with my mother was not distant, but it wasn’t intimate either. And that I couldn’t get back. When I came back from Belgium, I lived with some friends, not with relatives, I was already an independent woman. But luckily there are other roots, a union with the people and the birthplace…

To go out of those painful memories, but still talking about the first book, I praise her braveness to bring up the subject of bisexuality/homosexuality when she discovers that her partner in Belgium has “homosexual tendencies” and compares him to a “family slave”…

But homosexuality was fully accepted in Senegal before! ―she laughs. Gor-Djigen, as we called him, man-woman, was respected in spite of his manners ―and, full of naturalness, she starts imitating the gestures and way of speaking of her “slave”. Humour is probably the least well known register of this multifaceted woman, but it fills the rest of our conversation with hilarious moments.

In Africa we still affectionately call “slaves” the descendants of the true slaves that belonged to the family. Also our paternal cousins, who are theoretically our slaves. But they like it, it’s a way of feeling “attached” to the family. Belonging, having your place in society, is very important. 

For instance, when you leave, my daughter could come and tell me ―again, her acting in full flair― “Who was this badolo who came home this early and didn’t even bring bread or any breakfast?”― and we both start laughing, myself a little ashamed by the sudden accusation.

“Badolo” is a derogatory term even if it’s sometimes said affectionately, to refer to the common man, who has no caste, who is no griot or royalty or craftsman… In fact, if griots wanted to embellish their speech when singing your praises, to get some money from you, they would call you “guer”, a euphemism…  As you have no caste, you must be a scholar or someone important.

And what caste are you?― I ask.

Badolo― she states forthrightly and we both burst into laughter.

You must also take into account that, with the crisis in the eighties and the tough adjustment plans from the World Bank, Senegal ended up borrowing money from the Arab countries, which sent “undercover” envoys to the country and tried to impose their way of seeing religion, the sharia… And that is partly the cause for the “schizophrenia” that present Senegal suffers from, amidst its own traditions, the different versions of Islam and capitalism. It is surprising that we are now talking about this referring to “The Abandoned Baobab”, given that it is the subject of the book I have just finished.

But before the conversation diverts towards the pathways of today, I do not want to miss the chance to ask her about the experience she relates in “Riwan or the Sandy Track”, where, after coming from the traumatic experience in France, the “freed” and westernized woman becomes… the 28th wife of a marabout!

It was a wonderful experience. But I was not exactly a wife. A marabout, like any Muslim, can only have four wives. One must be from his own family, one from a scholar family, one from a royal family, and finally one from a different family. The rest are “taco”, which means “link” (“le lien”, in French) ―she repeats as she clinches her fists to stress the importance of that immaterial “something” that bonds them.

I knew him since I was a child. And when I came back from France in tatters, everyone rejected me (that is why now I hardly tell anyone that I’m here, it’s hard to forget how they treated me). So I went to him for spiritual help, and he supported me and gave me advice, and tenderness. One day he proposed me “taco”. But this has nothing to do with sex, he was already over ninety years old! I didn’t even live with him. I walked to see him almost every day, which is why the book’s title is “the sandy track”.

Oftentimes, the marabout shelters women who have been rejected by society in his home, and he “binds” to them to give them value, self-esteem. Think about it, not only does he tell you how much you’re worth, he even chooses to bind himself to you. That makes you recover a lot of self-confidence. 

Moreover, the marabout’s other wives taught me a great deal. Me, the supposedly “liberated” woman, ―we resume the pantomime― but who, like many women in the West, was obsessed with “having” a man, dominated by the idea of possession and by jealousy.

Mariétou, tend to your affairs”, they told me, laughing about my stories from the West, where every woman waits for a prince of charming. “Why wait?” And they were right. Sharing my life with these other women brought me the peace I needed to remake my life, read, write and tend to myself. 

The conversation now shifts to the bourgeois marriages in old-time Europe, where the spouses had separate rooms, which Ken Bugul finds essential. 

I can only love someone who is superior to me in some aspect. Who has a passion. Or several. A musician, a painter like Picasso (well, not him, he had too special a character, better Dalí). Someone who is not on top of me all the time, who lets me live my own life. What matters is that when we’re together, our conversation, our “bond”, is something special.

I want a lover, not a husband ―she concludes, forthright and smiling.

And could you accept being someone’s second wife?

Pff ―she leans back in her chair.― That is just for great personalities, a genius, a marabout… who are capable of that. But yes, if I can live my life and when we are together, the bond is special, yes. It suits me ―she adds with a slightly ironic smile. 

It is impossible to write about every subject that came up in the conversation, or how we ended up talking about meeting in the Himalayas, her great project.

I’m going to climb to the top of the Himalayas, even if takes the rest of my life ―she says, unmoved. And if she was not Ken Bugul, nobody would take it seriously…

Ken Bugul, which means “one who is unwanted” in Wolof (sometimes as a trick to free a child from the early death which supposedly awaits him), sits me in the Benin throne for a picture, hugs me and then walks me, barefoot and vigorous, greeting the workers by their names. She can no longer hide her overflowing energy, and when a neighbour approaches her to tell her about her problems and ask her for advice, it becomes apparent that her pen name does not match the respect and admiration she commends.

She will not leave until, having put me in the taxi ―the driver is an aspiring son-in-law of hers, she informs me, ― she gives me two kisses and we shake each other’s left hand to make sure we will meet again. 

I should start getting my boots ready for the Himalayas…


Wednesday, 28 August 2013

La indomable Ken Bugul, la leona de la literatura africana.

Descalza, con un sencillo bubú blanco con puntitos de colores aparece entre los obreros parsimoniosamente Ken Bugul, como si quisiera fingir una vejez que todavía no la ha alcanzado.

Subimos a su casa, sobria y confortable, con el único "exceso" de un espléndido trono de Benín rodeado de estanterías de libros y comenzamos hablando directamente de su libro "El baobab que enloqueció", de la magia de los baobabs sagrados que protegen y castigan al pueblo que les venera, que ríen, lloran y sueñan con él y de SU baobab (un baobab real y concreto) con el que ella quería identificarse por su solidez, por sus fuertes raíces.

- Yo lo maté. Él murió para que yo pudiera vivir...

No me sirvió de nada conocer ya la historia de su novela, su propia historia. Una niña separada tempranamente y sin explicaciones de su madre. Una joven que tras conseguir viajar a occidente no es capaz de encontrar allí las raíces perdidas. Una mujer que al volver a su país se encuentra con SU baobab, que sigue en pie, que parece seguir con vida, pero...

"Tenía una cita con el baobab, no había acudido y no pude avisarle, no me atreví. Ese encuentro al que falté le provocó una enorme tristeza. Se volvió loco y murió poco tiempo después" (pág 181)

¿Ocurrió de verdad? ¿Puede un Baobab morir de tristeza?

- No UN baobab, EL baobab. En Senegal puedes ver muchos baobabs, árboles como otros cualquiera. Pero en cada pueblo hay un baobab sagrado,un árbol ligado completamente a la vida de la gente de ese pueblo al que conoce y protege. Y cuando de pronto, sin enfermar previamente, muere y cae sobre la tierra, la gente sabe que ha muerto para salvarles de algún peligro. 

En mi caso yo sé que murió para que, después de mi experiencia traumática, yo pudiera comenzar una nueva vida.

Le comento que el libro parece escrito en pleno derrumbe emocional, con una estructura a veces desmembrada que expresa muy bien los sentimientos del personaje. 

- Mientras estaba en Bélgica escribí muy poco, sólo unas notas a modo de nostalgia del pueblo natal, que llevaban también al baobab en el título. Pero el libro lo escribí unos diez años después, tras la terrible experiencia que viví en Francia -maltratada por el hombre al que amaba, narrada posteriormente en "Las cenizas y las brasas"- y de la que volví hecha pedazos.

Unos amigos habían guardado mis notas. Les pedí que me las enviaran pero me dí cuenta que esa ya no era la historia que quería contar, así que el libro lo escribí sin consultarlas. 

Y ¿cómo consiguió "enraizarse" de nuevo? -pregunto petrificado en mi sillón, fascinado por la fuerza de esta valerosa mujer- ¿Intentó recuperar la relación con su madre?

- Tienes que tener en cuenta la importancia del pudor en África. Tú no puedes ir directamente a tu padre o tu madre y decirle que te sientes abandonada o algo así. Existe la figura del tío materno para hablar con tu madre (o la tía paterna para hablar con el padre), pero en mi caso ya estaba muerto, así que no podía recurrir a él.

La relación con mi madre no era fría, pero tampoco era "íntima". Y eso ya no lo pude recuperar. Cuando volví de Bélgica viví con unas amigas, no con ningún familiar, era ya una mujer independiente. Pero por suerte hay otras raíces, otra unión con el pueblo y con la tierra natal...

Por salir de esos recuerdos dolorosos, pero siguiendo con el primer libro, alabo su valentía al tratar el tema de la bisexualidad/homosexualidad al descubrir que su pareja en Bélgica tiene "tendencias homosexuales" y lo compara con un "esclavo de la familia"...

- Pero si la homosexualidad era completamente aceptada antes en Senegal! -me contesta riendo-. Gor-Djigen, como le llamábamos, hombre-mujer, era respetado a pesar de sus maneras -y con toda naturalidad se pone a imitar los gestos y formas de hablar de su "esclavo". Su vis cómica creo que es la menos conocida de esta polifacética mujer, pero llena de momentos desternillantes el resto de la conversación-.

En África seguimos llamando "esclavos" cariñosamente a los descendientes de los verdaderos esclavos que pertenecieron a la familia. O a los primos por parte de padre que teóricamente son nuestros esclavos. Pero a ellos les gusta, es una forma de sentirse "ligados" a la familia. La pertenencia, el tener tu sitio en la sociedad es muy importante.

Por ejemplo, cuando te vayas, mi hija podría venir y decirme -de nuevo el despliegue interpretativo-  "Quién es este badolo, que ha venido a casa a estas horas sin traer ni pan ni nada para invitarnos a desayunar"? -y nos echamos los dos a reír, yo un poco "pillado in fraganti" por la repentina acusación-.

"Badolo" es un término despectivo aunque a veces se diga cariñosamente, para referirse al hombre común, que no tiene casta que no es griot, ni familia real, ni artesano... De hecho los griot para embellecerlo si quisieran sacarte algún dinero cantando tus alabanzas te llamarían "guer", un eufemismo. Como no tienes casta deberías ser un erudito o alguien importante.

Y usted ¿de qué casta es? -pregunto

- Badolo -afirma rotunda y estallamos los dos en carcajadas.

- También hay que tener en cuenta que con la crisis de los ochenta y los duros planes de ajuste estructural del Banco Mundial, Senegal acabó pidiendo dinero a los países árabes que fueron enviando "infiltrados" al país y que trataron de implantar su forma de ver la religión, la sharia... Y es en parte responsable de la "esquizofrenia" que sufre el Senegal actual entre sus propias tradiciones, las distintas versiones del islam y el capitalismo. Es curioso que hablemos de esto ahora en referencia al "Baobab que enloqueció" cuando es el tema del libro que acabo de terminar.

Pero antes de que la conversación se encamine por los senderos de la actualidad no quiero que se me pase preguntarle por la experiencia que cuenta en "Riwan o el camino de arena" en que tras volver de la traumática experiencia en Francia, la mujer "liberada" y occidentalizada se convierte en... la 28ª esposa de un marabout!

- Fue una experiencia maravillosa. Pero no era exactamente una esposa. Un marabout, como cualquier musulmán sólo puede tener cuatro esposas. Una debe ser de la propia familia, otra de una familia erudita, otra de familia real y la última de una familia diferente. Las demás son "taco", que significa "vínculo" ("le lien" en francés) -repite mientras cierra los puños con fuerza para resaltar la importancia de ese "algo" inmaterial que los une.

Yo lo conocía desde pequeña. Y cuando volví de Francia hecha pedazos todo el mundo me rechazó (por eso ahora no digo a casi nadie que estoy aquí, me cuesta olvidar cómo me trataron). Así que acudí a él para recibir ayuda espiritual y él me apoyó y me dió consejos y ternura. Un día me propuso "taco". Pero no tine nada que ver con el sexo, él tenía ya más de noventa años! Yo ni siquiera vivía con él. Iba a verle casi todos los días caminando, por eso el libro se titula "el camino de arena".

Muchas veces el marabout acoge en su casa a mujeres rechazadas por la sociedad y se liga a ellas para valorizarlas, para darles autoestima. Imagínate, no sólo te dice lo que vales sino que elige ligarse a ti. Eso te hace recuperar mucha confianza en ti misma

Además las otras mujeres del marabout me enseñaron muchísimo. A mí, la supuesta mujer "liberada" -retomamos la pantomima- pero que como tantas mujeres en occidente estaba obsesionada con "tener" un hombre, dominada por la idea de posesión y por los celos.

"Mariétou, ocúpate de ti" me decían riéndose de mis historias en occidente, donde todas esperan un príncipe azul "¿Por qué esperar?". Y tenían razón. Compartir la vida con esas mujeres me aportó la paz necesaria para rehacer mi vida leer, escribir y ocuparme de mí misma. 

La conversación deriva hacia los matrimonios burgueses antes en Europa donde los esposos tenían habitaciones separadas, lo que a Ken Bugul le parece indispensable.

- Yo sólo puedo amar a alguien que sea superior a mi en algún aspecto. Que tenga una pasión. O varias. Un músico, un pintor como Picaso (bueno, no, que tenía un carácter demasiado especial) mejor, Dalí. Que no esté pendiente de mi todo el tiempo, que me deje tener mi vida. Lo importante es que cuando estemos juntos, nuestra conversación, nuestro "vínculo" sea algo especial. 

Yo quiero un amante, no un marido -concluye rotunda y sonriente.

Y podría aceptar ser la segunda mujer de alguien?

- Buff -se reclina en la silla- eso es sólo para grandes personalidades, un genio, un Marabout... que sean capaces de ello. Pero sí, si yo puedo hacer mi vida y cuando estemos juntos el vínculo es especial,sí. Me conviene -puntualiza con otra sonrisa un poco irónica.

Es imposible escribir todos los temas que fueron saliendo en la conversación, ni cómo acabamos hablando de encontrarnos en el Himalaya, su gran proyecto.

- Yo voy a subir a la cima del Himalaya, aunque me lleve el resto de mi vida -dice sin alterarse. Y si no fuera Ken Bugul, nadie creería que habla en serio...

Ken Bugul, que en wolof significa "que nadie quiere" (a veces como estratagema para librar a un niño de la muerte temprana que supuestamente le espera) me sienta en el trono de Benín para una foto, me abraza y me acompaña descalza y vigorosa saludando a los obreros por su nombre. Ya no puede ocultar su energía desbordante y cuando una vecina se acerca a contarle sus problemas y pedirle consejo queda claro que su nombre artístico no se corresponde con la realidad del cariño y admiración que despierta.

No se va hasta que, habiéndome dejado dentro del taxi -el taxista es un aspirante a yerno, me informa- me da dos besos y nos damos la mano izquierda para asegurarnos de que volveremos a encontrarnos.

Habrá que ir preparando las botas para el Himalaya...





Friday, 23 August 2013

Sokhna Benga: el dios Roog, el mar y el infierno de la Soledad

El sol inunda las calles cercanas en oleadas como queriendo dar el último empujoncito al mar desde el cercano puerto para que llegue al arrecife urbano en que nos encontramos: la Agencia Nacional de Cuestiones Marítimas y la ventana-rompeolas del despacho de la Directora de Operaciones Marítimas, la polifacética escritora Sokhna Benga.

Ha aceptado acojernos en su refrescante atalaya para charlar sobre su trilogía "Waly, el protegido de Roog". Y empezamos directamente hablando de Roog, el Dios Único serer que raramente aparece mencionado en otras novelas concernientes a esa etnia.

- Siempre me ha maravillado la especificidad y la riqueza de creencias de los serer, desde las historias que me contaba mi abuela. Y me sorprendía cuando la gente hablaba de animismo. Pero si creían en un Dios único antes de la llegada de cristianos y musulmanes! En Dios-Roog y en sus Pangool , los espíritus tutelares -a los que nos hemos referido como Rab o fetiches en otras entradas-, algo así como los santos cristianos. Antepasados que deciden quedarse para proteger la tribu y que pueden adoptar formas de animales como la hiena en el caso de la madre de Waly. Así que me dije que siendo yo serer y escritora, quizá me tocaba a mi escribir sobre esas creencias...

Por aclarar un poco el carácter monoteísta serer le pregunto por Koumba Njaay, la Tierra Madre que en las novelas tiene tanta influencia sobre el personaje, que parece ser la fuente de su poder para tener visiones y que desaparece cuando Waly decide lanzarse a la aventura de navegar por ríos y mares, alejándose de ella...

- Los serer y otros grupos del interior tienen un gran apego a la tierra y a veces un gran miedo al mar, donde ya no les protejen los Pangool (hay gente que se niega a ir siquiera a la isla de Goré!). Pero Koumba Njaay no es una diosa, es un espíritu protector. Eso no quita para que se le puedan hacer sacrificios y se le respete al punto por ejemplo de no poder verter agua caliente sobre ella... 

El origen de los poderes de Waly es algo más complejo, dado el carácter extraño de su nacimiento y la observación de la gente del pueblo de que cuando está él nadie muere por la enfermedad del sueño, empieza a crearse el mito de que "aleja" la enfermedad y de que es "el protegido de Roog".

Intento reponerme al hechizo de este mundo donde el mar es temido y deseado, donde se crean los mitos e intento avanzar un poco más. En la segunda parte -pregunto- parece que Waly y Roog pasan a un segundo plano frente a la aventura de la navegación de cabotaje por los ríos de Senegal y la figura mestiza y arrolladora de el Capitán...

- La historia no es tan simple como nos la quieren contar, no todo es blanco o negro. En los primeros momentos de la colonización hubo muchos contactos y los mestizos tuvieron un papel muy importante en la administración, sobre todo en San Luis. Aunque luego al intentar un grupo imponer su visión y sus intereses sobre los de los demás todo eso se perdiera.  

Yo tengo una gran nostalgia de la historia marítima de Senegal, de su incipiente burguesía del comercio fluvial de la goma y los cacahuetes truncada tempranamente y ahora casi olvidada. Así que tenía muchas ganas de recuperar toda esa atmósfera de marineros, de sus aventuras, del contacto entre tribus diferentes, de los mestizos... 

Situando las novelas entre 1857-1901 esta variedad estaba asegurada, pero uno de los grupos presentados de una forma más sorprendente para el lector son los Ceddo. Contrariamente a la película homónima del gran Ousmane Sembene -en que aparecen como los defensores de la tradición de los antepasados y la libertad frente a la imposición violenta del Islam- aquí son completamente odiados por el personaje, habiendo asesinado a sus padres, y los pinta como borrachos y libertinos...

- Precisamente el mensaje de las tres novelas, la idea fuerza que quería transmitir es que hay que acabar con el odio y los prejuicios. A lo largo de la trilogía van cayendo uno a uno todos los prejuicios del personaje al que me siento muy unida y he cogido un gran cariño.

Los Ceddo son la aristocracia guerrera, presentada por los colonos como amantes del alcohol y las mujeres. Se llaman así no sólo entre la etnia serer y han hecho guerras con casi todo el mundo: blancos, árabes, otros clanes... En la novela además Waly dice que son ellos los que han matado a sus padres pero tambien que "venían de la mar" con lo cual parece imposible que fueran Ceddo. Progresivamente se irá dando cuenta que algunos de sus amigos eran Ceddo, especialmente un personaje que le salva la vida y se convierte en su mentor y que se encarga de su iniciación y circuncisión; pero conociendo su odio, le oculta su verdadera identidad.

Pero también van cayendo sus prejuicios contra los mestizos, haciéndose cargo del hijo de su amiga -violada por el "monsieur"-, se convierte al islam por amor e irá poniendo en duda su concepción fatalista de que "siempre habrá monsieurs" -siempre habrá explotación- tras sus diversas experiencias.

Es difícil mantener el tipo y seguir haciendo preguntas cuando uno queda subyugado por las descripciones precisas y las ideas contundentes de esta flamante y moderna mujer senegalesa amante a la vez del mar y de las buenas historias. Pero como no quiero que se acabe la conversación, le pregunto por el artículo que ha escrito en su blog sobre Ken Bugul, la autora de "El baobab enloquecido"...

- Ken Bugul es una referencia para todas nosotras -como Fama Diagne, también parece encantada de que le haga esa pregunta y poder expresar así su admiración-. Cuando empezé a escribir me entraban dudas sobre la repercusión que podría tener lo que quería contar -me imagino que las historias de prostitución y adulterio de otras novelas-. Entonces leí a Ken Bugul y desaparecieron todos mis miedos. Fue tan atrevida para su época... -aborda entre otros el tema de la bisexualidad-. Si ella podía decir todo eso, yo podía escribir  lo que me diera la gana!

Terminamos la entrevista alabando de nuevo la riqueza de la cultura serer, de Roog y su función discreta y solitaria como Vigilante del Destino -que siempre se cumple, indefectiblemente- y en sus diferencias también con las grandes religiones monoteístas

- El infierno serer, por ejemplo, no está hecho de fuego, sino de la más absoluta Soledad...

Así que cuando salgo a la calle ya no me molesta el calor, y me dejo llevar por las oleadas de luz que me acercan al resto de los marineros urbanos que paseamos cerca del arrecife secreto...








Tuesday, 20 August 2013

Fama Diagne Sène: una luz en las tinieblas de la locura

"La enfermedad me ha abierto los ojos, porque el hecho de ser dejada de lado me ha permitido coger distancia para juzgar a las personas y su forma de vida.

La corrupción ha vuelto superflua toda conciencia profesional. Los niños, dejados a ellos mismos, vagabundean por las calles tentados en cada momento por el crimen. Ya no hay necesidad de ser pobre para mendigar. El jom -abnegación-, el famoso jom nos abandona.

Por la calle ya no vemos en las caras esa risa contagiosa que surgía de la amistad. La risa ahora es interesada, se compra y se vende. Sonreímos al alcalde, al jefe, al diputado, al rico... Nos hemos vuelto un pueblo disperso, sin raíces, vencido por la brujería, el marabutaje, el enchufismo, la hipocresía, la mentira, la prostitución, la dependencia, la sumisión, la mezquindad, la vulgaridad, el servilismo, la bajeza rampante, el el envilecimiento...

Este pueblo no es aquel del que yo estaba tan orgullosa antes." (Canto de Tinieblas pág 112)

Con esta dura crítica de la protagonista de su libro, abrimos la conversación con la encantadora Fama Diagne Sène en cuanto nos acomodamos en los sofás de la luminosa Asociación de Escritores de Senegal.



Después de hablar de los momentos de gran lucidez que todo enfermo mental tiene me explica que, en contra del mito de que en África el enfermo mental es mejor tratado que en Occidente

- En África muchas veces al enfermo mental se le esconde. Puedes llegar a un pueblo, pasar unos días y creer que en él no hay ningún enfermo mental pero resulta que está encerrado en una casa sin poder salir. Muchas veces se recurre a hechiceros o marabouts en los que se cree ciegamente pero que la mayoría de las veces no consiguen la curación. Y nunca se le pregunta a la persona enferma qué le pasa, qué siente, qué necesita...  Para eso escribí el libro, para que se escuchase su voz interior.

Aprovecho para comentar que aunque en el libro se mantiene todo el tiempo la ambiguedad sobre la existencia real de los djines, el poder de los marabouts, la magia... se da más credibilidad a la posibilidad de que la causa de la locura de la protagonista sea un líquido preparado por un marabout a petición de la madre contra su tiránica cuñada que ha venido a vivir a la casa. La cuñada se da cuenta y para vengarse le prepara su postre favorito a la hija, mezclándolo con el líquido maldito... Sin embargo el gran sanador no consigue curarla. Parece querer decir que hay más poder para hacer el Mal que para hacer el Bien...

- Desgraciadamente es así. Como africanos vivimos... -y mientras busca las palabras comienza a describir pensativamente círculos con el dedo sobre la palma de la mano izquierda- vivimos en contacto permanente con la naturaleza, rodeados por la naturaleza. Pero ¿qué sacamos de esa relación especial? En Occidente se toma distancia de la naturaleza, se la analiza y se la controla para fabricar medicinas, también armas claro; pero ¿y nosotros? 

Si te fijas, los pueblos de la etnia serer, una de las que más firmemente ha conservado sus tradiciones son los más pobres de Senegal. En algunos pueblos el Marabout ha lanzado una maldición diciendo que el que construya una casa de más de un piso moriría. Y así ha pasado con los pocos que lo han intentado... La gente pide a los hechiceros que "aparten" a otros de su camino al poder o a la riqueza y se ven casos con consecuencias terribles. Pero a parte del uso de plantas medicinales no vemos esos poderes usados para hacer el Bien...

Es impresionante cómo esta mujer de sonrisa envolvente, acojedora, permanente, puede ser tan crítica con la sociedad que le rodea, manteniendo sin embargo firmemente sus creencias y su amor por su tierra

- Yo no podría vivir fuera de África. A Suiza fui sólo para estudiar. Me faltarían los árboles, la arena, las mujeres con los niños a la espalda, todas esas cosas que son las que me inspiran para escribir. Pero creo que es mejor decir la verdad para que podamos mejorar.

Sale también en la conversación Ken Bugul, su escritora favorita y una de las mías y le pregunto si el "baobab solitario" que sirve de refugio a la protagonista es una referencia a "El baobab enloquecido" (como en la frase al recordar su vida "el árbol estaba muerto a penas plantado" que me recuerda al final del libro de Ken en que cuando por fin vuelve a Senegal su baobab ya está muerto aunque no lo parezca...), o si es una metáfora de áfrica o pura coincidencia...

- Es curioso cómo a veces operan las cosas en el subconsciente. Yo buscaba un árbol fuerte, robusto, que pudiera acojer a la protagonista. Con mi bagaje y me experiencia personal no podría ser otro que el baobab. Y no olvides que en otras regiones de Senegal tienen otros árboles sagrados... No, no hacía alusión al libro de Ken Bugul, al menos no de forma consciente.

Hablamos de la casa rural aislada del segundo sanador donde han recluído a la protagonista con otros enfermos mentales con los que forman otra "familia" pero donde la comunicación acaba siendo aún peor que en la primera y siguen sin seguirle preguntando a ella qué le pasa, qué siente, qué necesita. Comentamos el poético pasaje en que el mundo que rodea al Baobab sagrado responde a la llegada del sanador, saludarle con la música del viento en sus hojas, cobrando nueva vida, abrazándolo. Parece que al menos el poder positivo de la magia consiste en crear momentos de auténtica Belleza...

Con la tranquilidad y la confianza que irradia Fama Diagne vamos saltando de la magia a su duro trabajo organizando de cero la biblioteca universitaria. Si lo llego a saber... creo que preferiría trabajar en una biblioteca municipal -me confiesa- para tener más tiempo para leer!. Y al hablar de tiempo se da cuenta de que ya llega tarde a otro compromiso.

Nos despedimos calurosamente y yo me voy con pena del cómodo sofá donde habíamos estado bien rodeados por las fotos de los grandes escritores senegaleses. Y al salir a la luz hiriente de la calle, al calor un poco excesivo recuerdo las últimas palabras del libro

"Mañana, si me encuentras en la calle, no me tengas miedo; a pesar de mis harapos y de mi olor, párate para leer en mi mi mirada la voz interna de mis sufrimientos."

Y me descubro, yo también, haciendo círculos con el dedo sobre mi mano izquierda...

Seydi Sow, los djines y la "Reina de las Brujas"

En nuestro viaje al corazón mágico de Senegal nos faltaba hablar de unos compañeros inseparables en la vida de los senegaleses, sus seres invisibles por excelencia: los djines (o genios). Y lo vamos a hacer de la mano del polifacético escritor (técnico sanitario, editor, profesor...) Seyidi Sow y su fascinante trilogía sobre "La Reina de las Brujas".


Este hombre entrañable cuyo topi (gorro) puede adoptar posturas tan inverosímiles en su cabeza como él mismo durante nuestra conversación, pasando del más estricto cientificismo a la más completa aceptación de todo lo relativo al mundo invisible del que parece tener una experiencia personal, nos advierte:

- La Xalwa -retiro místico para la invocación de un djin o un ángel- es sólo para iniciados e implica un gran desgaste físico y un gran peligro pues si pierdes la concentración o te dejas llevar por el pánico provocado por las formas monstruosas que adopta el djin, puedes sufrir consecuencias fatales... Yo mismo pasé en cama un mes entero al término de una Xalwa y sólo al cabo de ese mes empecé a recuperarme...

Pero antes de profundizar en el conocimiento de estos seres, Seyidi hace mención al monumento literario del Cheikh Hamidou Kane para explicarnos un aspecto especialmente difícil de la cultura de su país. Tras la colonización árabe y la simbiosis cultural con el islam, resulta traumático o prácticamente imposible una nueva simbiosis, esta vez con la mentalidad occidental. Escuchamos al sabio Marabou que protagoniza su novela

"Ciertamente, el autor de "La aventura ambigua" no lo dice, pero todos sabemos que el Corán es primero árabe. Se trata por tanto de otra cultura -o el sustrato de una cultura extranjera a la nuestra- , aunque sea de carácter universal. La "Casa Ardiente" donde se dispensa ese sustrato, digamos el Corán, llega a ser finalmente una armonía que marca o conjuga la simbiosis de dos pueblos distintos. Al lado de su maestro, Samba Diallo aprende ese resumen de dos culturas bien imbricadas la una en la otra, habiendo sin embargo conservado cada una algo de ella misma. 
(...)
Antes de ir a Europa, Samba Diallo había ya culminado una primera matamorfosis. Lógicamente, no podía ya completar una segunda mutación. He aquí las razones que me han llevado a decir que su aventura no podía ser otra cosa que una tragedia."  (pág 16)

- El Corán te enseña a sufrir -afirma tajante- Por eso el maestro de las escuelas coránicas debe vivir en la miseria y tradicionalmente sus alumnos debían mendigar para conseguir alimento, recordando a los ciudadanos la cercanía de la muerte. Esto crea muchas tensiones con el mundo moderno que tenemos que aprender a resolver.

Sin embargo esa mezcla es la realidad cotidiana de la mayoría de los senegales, y Seyidi mismo me habla todo el rato de ciencia, de física cuántica y de otros fenómenos invisibles registrados por la ciencia para justificar la existencia de los seres invisibles. Así que ya podemos entender mejor que la llegada del islam, aunque reconocía su existencia, colocaba a los djines en un estatus similar al de los hombres, no al de los dioses como las sociedades tradicionales africanas.

Imagino que lo estaréis flipando con la complejidad de la creencia en unos seres que para la mayoría de los occidentales son pura fantasía pero que "son parte del dogma del Islam" como nos recuerda Laforgue que además nos explica

"Los djinn están hechos de fuego, los hombres de arcilla y los ángeles de luz. La tradición hace remontar su creación a mil años antes que la de Adán."

O sea que mil años antes que nosotros ya existían estos seres que nos cuadriplican en número y que según otros autores pueden predecir con precisión hechos que ocurrirán dentro de miles de años pero que no pueden recordar lo que pasó ayer, al contrario que los humanos, por lo que podemos sernos de gran ayuda mutuamente. Los hay buenos y malos, musulmanes y no musulmanes (!), tienes sus ciudades y sus guerras, e incluso pueden tener relaciones "carnales" con los humanos. De hecho en San Luis me contaron la historia de un hombre que decía ser hijo del djin femenino protector de la ciudad y lo demostraba lanzando un anillo a las profundidades de las aguas turbias del río, recuperándolo tras breves instantes de buceo...

En su libro, Seydi Sow va un paso más allá. Nos presenta un ser, la Reina de las Brujas que es la viva imagen del mal (su poder parece venir directamente del diablo) y que tiene atemorizados a los propios djines a cuya ciudad a causado males terribles. El gran Marabou que personifica la Bondad, la descubre intentando robar, a través de sus sombras, el alma de varios habitantes del pueblo.

-Muchos de nosotros creemos -nos confirma Seydi Sow- que si nos roban la sombra, nos roban el alma.

Un ejemplo más de esta compleja simbiosis cultural de la que hablábamos. Varias culturas africanas creen que a parte del Ni, alma o fuerza vital heredada de un difunto del que recibimos el nombre, tenemos el Dya sombra y doble. Es la base del vudú en la que si dañan una parte de tu doble te dañan a ti, de la creencia en que todos tenemos una estrella que nos representa en el cielo y que se extingue a nuestra muerte, de los viajes astrales...

"La Reina de las Brujas" es pues el eterno combate del Bien contra el Mal, de la grandeza de sacrificarse por los demás contra la codicia y el ansia de poder. Dando así a los jóvenes que parecen ser el objetivo principal del escritor, un ejemplo vital que poder seguir. Ya que a Thierno, el sabio Marabou de la novela y hombre de nuestro tiempo

"El que los tiempos cambiaran no le hacía ningún mal, porque el ser no es más que una flor a la que fecunda el polen que viene de lejos (...) Lo que le hacía mal era que creyeran que toda realidad no demostrada no pueda ser verdadera." (pág 82) 

Y para el que el conocimiento, a parte del Corán, viene de lo que nos rodea, de la propia arena que nos reconforta que calienta y casi acaricia nuestros pies como en la novela de Ken Bugul. Salvo cuando los hombres luchan por la posesión de la tierra, Thierno nos recuerda que 

"Para ellos, la arena era mito y filosofía. A menudo ayuda a comprender el mundo. Es el mundo. El elemento que explica y justifica toda vida." (pág 87)

Así que os dejo paseando con mis chanclas por las cálidas y sabias arenas de mi tranquilo barrio de Guédiawaye, entre amigos, djines y ángeles protectores, con decenas de niños gritando mi nombre para que juegue con ellos y tal vez preparar nuestra próxima batalla en el eterno combate del Bien contra el Mal...







 










Thursday, 25 July 2013

Aminata Sow Fall: La "Gran Dama" de las letras senegalesas

- Yo no creo en la magia.

Esta negación rotunda me golpea en mitad de la entrevista e involuntariamente miro a los lados por si puedo salvar a alguna hada malherida como yo por estas palabras. ¿Cómo es posible que las diga esta abuela entrañable que podría ser la Wendy africana y que ha contado en los libros que se acurrucan a su alrededor historias tan llenas de magia?

Pero empecemos por el principio. Cuando me abre la puerta de su despacho esta mujer, elegantemente vestida con un gran bubú rosa que parece ir repartiendo la luz a su alrededor, dudo de si es la mujer de 72 años con la que vengo a hablar o una de sus hijas. Así, no me animo a hacer ninguna pregunta hasta que ya sentados en su despacho rodeados de cuadros de árboles y de papeles que se amontonan por todas partes me dedica una de sus cálidas sonrisas. 

- Tomé desde el principio la decisión de ser fiel a mi misma, corrí el riesgo de no escribir para otra cultura.

Concluye tajante tras contarme con un punto de orguyo que cuando terminó de escribir su primer libro Le revenant (el fantasma) su marido se lo leyó en una sola noche y a la mañana siguiente le dijo que tenía que publicarlo.

-No tenía ninguna intención de publicar libros. Sólo escribía porque sí, porque me gustaba

Pero cuando lo llevaron a la editorial, el director le dijo que era "demasiado local". Se mantuvo firme en su decisión de no cambiar nada para hacerlo teóricamente más atractivo para toubabs (blancos) y pasado el tiempo le llamaron de la editorial para decirle que se lo publicaban de todas formas. Paradójicamente tuvo buena crítica extranjera, aunque de nuevo con su segundo libro La Grève des battus (La huelga de los golpeados) sus amigos extranjeros le decían que una huelga de mendigos podría verse como demasiado cómico en Europa.

En seguida la conversación se dirige hacia el tema de la mujer y de la poligamia

- No hay que tener piedad con la mujer

Responde con esa mezcla de dureza y dulcura que le caracteriza, cuando le pregunto por qué parece más dura con los personajes femeninos. Como la madre occidentalizada en L´Appel des arènes 

- Ese libro nació cuando vi a una madre regañar a sus hijos porque estaban sucios -dice moviendo la cabeza con aire reprobador- Los niños necesitan soñar- afirma mirándome fijamente a los ojos- En la historia un profesor utiliza las canciones de alabanza de los luchadores para que aprenda francés y eso es algo maravilloso. Pero tú sabes que los personajes una vez creados escapan del escritor. La madre de la historia quiere separarse de la sociedad que le rodea y, siguiendo su propia lógica como personaje, acaba sola y rechazada socialmente.

Me reconoce que varios críticos la tacharon de "no tener piedad" con la mujer

- Pero es que yo no creo que haya que tener "piedad" con la mujer -reitera-. La mujer tiene una gran fuerza, tiene mucho poder. Sin tener que ser igual al hombre, sin renunciar a su mayor sensibilidad para las cosas sutiles, para la naturaleza. Con su diferente concepción del tiempo del del hombre -me dedica una sonrisa maliciosa- que destruye para construir y que intenta hacer las cosas más deprisa.  Por eso la mujer ha sobrevivido a tantas cosas a lo largo de la historia. Y por eso yo creo que no hay que tratarla con "piedad" sino mostrarle su fuerza, su poder.

Al hablar de la poligamia se recuesta un poco en la silla para, tras afirmar que ella está en contra de la poligamia, intentar explicarse un poco más

- Lo importante es que se respete la dignidad de la mujer, su capacidad para decidir. Muchas mujeres modernas de mi generación me decían que ellas preferían que su marido se casara de nuevo para tener más tiempo para ellas (y algunas hasta les elegían las nuevas esposas!). Además en Occidente muchos hombres tienen amantes en secreto y la mujer se siente traicionada. Por eso lo importante es ayudar a la mujer a que conozca sus derechos, a que consiga su independencia económica y luego respetar su decisión.

Tras hacer una pausa como si pensase que algo se había quedado sin decir añade con un brillo de nostalgia en la mirada y un gesto con las manos que parece de rechazo a las respuestas tajantes

- Yo vengo de una familia polígama con tres coesposas y allí he pasado los mejores momentos de mi vida. Vivíamos todos juntos en una gran casa que era una escuela de valores y aún hoy sigo manteniendo una excelente relación con mis hermanos sin que importe si somos de la misma madre o no.

Claro que esta realidad coexiste con todos los sufrimientos de la mujer africana cuando no se respeta su dignidad y con todos los problemas derivados de la poligamia maravillosamente descritos en Une si longue lettre (Una carta tan larga) de la también gran escritora senegalesa Mariama Bâ.

Esta infancia feliz en Saint Louis donde coexistían varias religiones y creencias se refleja en pasajes de sus libros como este de L´Appel des arènes:

"Saint Louis la Azul exhala luz y paz. Un pedazo de azur salido del Océano, cubierto de céfiro y mantenida por los barcos flotando al unísono como en un tablero de damas. Mi contacto con la Isla azul se mantendrá como el único descubrimiento de mi vida. No deseo ningún otro. Descubrí que el arroz puede salir de una marmita con reflejos de diamante"...

En este mismo libro es donde un gigante, un gladiador de lucha senegalesa, va iniciando al niño -y a nosotros con él- en todos las historias maravillosas y terribles de princesas convertidas en fuentes o de amigos que mueren luchando por su dignidad ("los valientes no mueren jamás"). Y le va mostrando todos los secretos de su cultura como ese baobab en cuyas raíces vierte la leche porque es el lugar donde "los antepasados pueden dejarnos sus mensajes". 

Y en Le Jujubier du patriarche (El Azufaifo del patriarca) inventa una gran saga mítica en que dos familias, una musulmana y otra de cazadores (depositarios de la magia y las creencias tradicionales) se unen por un matrimonio. Inesperadamente la mujer escapa un día porque su marido la postpone a su devoción a Alá y ella se esconde en el vientre de una ballena, iniciando una versión africana de la guerra de Troya.

- Mi objetivo era mostrar, a parte de la gran riqueza cultural de la que son depositarios los griot, que se puede llegar a una gran integración de todas las culturas presentes en nuestro país. En Senegal son los valores comunes de tolerancia y respeto los que nos permiten vivir en paz.

Mientras este mensaje de amor y paz se va desplegando como por arte de magia de su gran bubú rosa y parece acompañarnos hasta la salida, en el instante en que la puerta se va cerrando como a cámara lenta, me vuelve de nuevo la inquietud por aquellas contundentes palabras de la "Gran Dama" de las letras senegalesas (como la llama cariñosamente Seyidi Sow)

- Yo no creo en la magia...

Las pienso con miedo, como si la puerta fuera a cerrarse de un portazo al recordarlas; pero la puerta se cierra suavemente con los últimos destellos de pálida luz rosa colándose por el marco, como las palabras que completaban su frase

- ... pero creo que necesitamos la Imaginación, su poder para crear una vida interior...

Tendrá que valer -pienso-. Y aunque sigo aturdido, salgo a las calles de Dakar y la luz inmensa y poderosa lo inunda todo. Por un momento no consigo ver otra cosa que la luz, aunque ahora tal vez con unos toques de rosa pálido...






Monday, 1 July 2013

Moçambique sonâmbulo, entrevista com Mia Couto

[Traducido del original español por Sara Estima Martins. Muchas gracias Sara!!!!!!]

-Em que posso ajudá-lo? 

A pergunta vem como o som do ondular de um mar de calmaria. Quem me faz a pergunta é este homem de olhar sereno e sorriso luminoso. Mas a verdade é que este homem simples vestido com calças de ganga e camisa de manga curta é um dos melhores escritores vivos de língua portuguesa. Com esta pergunta directa e o tratamento de igual para igual, consegue que se me escape um sorriso que não me abandona ao longo de toda a nossa conversa. 

Começamos por falar de realismo mágico, ainda que “as pessoas que inventaram esse nome não fossem as que escreviam”, e explica-me que a principal diferença entre os escritores africanos e os sul-americanos decorre da maior influência que a igreja católica tem na América Latina, porque aqui “os mortos nunca se vão embora”. Ainda que as pessoas frequentem diversas igrejas, a grande maioria continua a crer nos antepassados e a conservar uma parte da sua cultura tradicional. 

O problema está no rígido sistema racionalista europeu (não sei exactamente como ele o disse), ainda que "lá as pessoas também acreditem no horóscopo, mesmo pela internet ". Cedo me esqueço um pouco de que era suposto isto ser uma entrevista e saímos e regressamos ao nosso tema como nos caminhos de areia dos arredores de Maputo. 

Digo-lhe de seguida que me impressionou saber que um livro tão maduro, tão cheio de imagens subtis, repousadas, profundas, tão cheio de Moçambique e de todas as suas histórias, tivesse sido escrito antes de terminada a terrível "guerra civil" que devastou o seu país. Ignorando os elogios como se eu não os tivesse dito, confessa-me que “a mim também me surpreendeu. Eu não queria escrever um livro sobre a guerra ou, quando muito, só bastante mais tarde. Mas aconteceu assim. Sofri muito a escrever este livro, porque à noite lembrava-me de histórias, visitavam-me os amigos mortos na guerra. E eu tinha de encontrar UM LUGAR DE PAZ dentro de mim. Por isso tinha de escrever este livro.” Fico tão fascinado com as suas reflexões que quase me custa continuar, mas pouco a pouco os personagens vêm em meu auxílio, como Virgínia, a mulher de origem portuguesa que reinventava a sua família portuguesa desconhecida “como faziam os meus pais, que contavam histórias de um Portugal ao qual não podiam voltar durante a ditadura. Com as suas histórias iam-me criando uma família imaginária e isso parecia-me muito importante". Não me dá pistas sobre quais, de entre as histórias, são crenças tradicionais e quais são inventadas, mas sorri maliciosamente contornando a minha pregunta e diz-me que “na cidade onde eu vivia a colonização foi muito difícil e não controlaram bem a cidade. Por isso, se atravessasse a rua podia brincar com meninos indianos e negros. Aprendi a língua deles e eles contavam-me as suas histórias. Ao voltar a casa traduzia-as à minha familia. Aí comecei a dar-me conta de que algo se perdia na tradução." 

E foi aí que começou a torcer a linguagem, digo-lhe, tentando tirar nabos da púcara. Sorri maliciosamente, uma vez mais. É famoso por não revelar muito nas entrevistas, ainda que me confesse que gostou muito de Cem Anos de Solidão, “é um livro fabuloso”, diz. E aceita a influência de Luandinho Vieira, "mas só na maneira de tratar a linguagem” esclarece. E não lhe arranco mais influências. 

Mas voltamos ao que nos interessa, a poesia que impregna todo o seu livro. Digo-lhe que não concordo com Francisco Noa (com quem falei e que é uma pessoa encantadora) quando diz que "a água tem, na sua obra, uma dimensão antropofágica", pelo contrário, parece-me um elemento optimista, fértil, símbolo do poder da imaginação ou do inconsciente...Vendo o seu sorriso, prevejo que vai desvalorizar essa importância, mas reconhece que "a água, e mais precisamente a chuva, é um elemento de mudança e simultaneamente de regeneração nas culturas tradicionais”. Das palavras que se seguem não me lembro bem porque parece falar mais com os olhos da cor do mar, sorridentes. Mas, quando o sorriso contagia os lábios, percebo que tenho de dizer qualquer coisa. 

Pergunto-lhe a primeira coisa que me vem à cabeça. "É biólogo, não é? Porque eu sou médico", no mesmo momento envergonho-me um pouco da confiança e da infantilidade da minha pergunta, mas como já estou vermelho por causa do sol, ele não repara e responde-me "é mais uma paixão do que uma profissão. Gosto porque conta uma história, a dos seres vivos, o que para mim combina com a poesia e com a literatura”. Como não digo nada, continua, "eu também queria ser médico, psiquiatra, mas como fui militante da Frelimo, na luta pela independência de Moçambique, tive de deixar o curso e, quando pude voltar a estudar, ao ver a minha mulher, que também é médica, dei-me conta de que não teria tempo livre de remorsos para a literatura, por isso estudei biologia." Mas antes disso foi jornalista, digo, regressando activamente à conversa. 

"Infelizmente o partido fez-me director de um jornal. Gostei muito do jornalismo mas, sendo um jornal do governo, comecei a dar-me conta da diferença entre a teoria e a prática. Por isso comecei a afastar-me do jornal e, mais tarde, do partido”. Insisto nesse tema. "É que, na chamada ‘guerra civil’, houve uma componente de religião muito forte, porque a Frelimo tentou afastar as crenças tradicionais qualificando-as como “superstições”. Só assim se explica a enorme componente emocional, o nível de crueza que a guerra teve." E, pergunto-lhe, no discurso final do livro, quando fala do perigo de ser dirigido por outros, refere-se ao controlo que a África do Sul tinha sobre a Renamo? "Não, era uma ideia mais geral" responde-me, propositadamente sucinto. E agora que já morreu essa besta, como dizia o discurso, já não há o perigo de uma guerra civil em Moçambique? "Não, acho que não" responde com segurança moderada, "mas a besta não morre, fica mais pequena, domestica-se. É algo desagradável que os seres humanos têm e que as guerras nos mostram. As pessoas amáveis que tem encontrado na sua viagem são as mesmas que atingiram o nível de selvajaria que vimos na guerra ". 

As pessoas continuam a chamá-lo da porta e, ainda que continue a dedicar-me o seu tempo, percebo que tenho de acabar. Assim, dou o tudo por tudo: E agora, continua a acreditar no poder da literatura, da imaginação, para tornar o mundo melhor? Já tínhamos falado que, quando era jovem, era mais ingénuo, acreditava que as coisas podiam mudar rapidamente numa só geração, e que agora pensava que as mudanças sociais tinham um outro tempo, mas que, por outro lado, ainda lhe custava a acreditar que os acordos de paz tivessem sido alcançados no tempo de mediou entre a entrega do seu livro acabado, o seu grito de esperança, e a publicação do livro. Tanta morte e tanta esperança. Naquele momento observava o seu olhar límpido e sorridente, e estava ansioso por ouvir a sua resposta. 

 -Sim - responde, cortante. As palavras seguintes diluem-se como em Terra Sonâmbula, vão-se transformando em ar, em poesia e novamente em algo físico, desta vez um livro, um presente para mim.

-Feliz aniversário – diz-me. E assim foi ;-)